Marie-Claire BANCQUART

Marie-Claire BANCQUART



Marie-Claire Bancquart (née le 21 juillet 1932, à Aubin, dans l'Aveyron) a été présentée et publiée comme « Porteur de Feu », dans la troisième série de la revue Les Hommes sans Epaules (n°33, 2012), vingt ans après le dossier qui lui fut consacré dans la deuxième série de la revue (n° 5, 1991). Elle y confiait déjà des inédits, mais également, pour deux poèmes publiés, des « versions de travail » qui mettaient en évidence les étapes de maturation dans l’atelier du texte ; au fil de l’entretien – sous forme de questions-réponses – qui accompagnait cet ensemble poétique, nous relevons ce passage : « Comme expérience, ma poésie se confond avec une expérience vitale. Interrogation sur notre origine, sur notre place « intenable », à proprement parler, dans un monde scandaleusement livré au mal, au précaire. Sentiment que l’au-delà est impossible, quoique si fortement il nous paraisse nécessaire. Mais amour d’un monde si doux dans le quotidien, si violent dans le plaisir. Présence du corps traversé, blessé, magnifié. En somme, le plus de possession dans le plus de non-possession. » Les phrases soulignées le sont par nous ; elles nous paraissent fixer l’un des aspects essentiels de cette œuvre poétique, à savoir qu’elle se résout ou même se décide, en place d’une espérance, à ne connaître qu’un grand immanent, dont le corps est à la fois l’image et le lieu, et la mort, le garant de la valeur du vivre.

L’enfance du poète a été marquée par une tuberculose osseuse, à une époque qui ignorait encore les antibiotiques : d’où quatre années dans le plâtre, une longue convalescence et pas d’école primaire. Survient une rechute durant l’année de Terminale, mais, cette fois, l’antibiothérapie existe : de nouveau plâtrée en 1949-1950. Ensuite, le cursus universitaire est brillant : École Normale Supérieure, puis, agrégation et doctorat, enfin professorat d’Université. Marie-Claire Bancquart est à présent professeur émérite à l’Université de Paris-IV Sorbonne, auteur d’essais, d’articles et de conférences sur les prosateurs français du XIXe siècle (Anatole France, Maupassant, les écrivains « décadents »…), et sur les poètes, depuis les surréalistes jusqu’aux contemporains (articles sur les récentes publications, notamment dans la revue Europe).

Marie-Claire Bancquart est décédée à Paris, le 19 février 2019, à l’âge de 86 ans.


Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Épaules).



Œuvres de Marie-Claire Bancquart :

Poésie : Mais (Vodaine, 1969), Projets alternés (Rougerie, 1972), Mains dissoutes (Rougerie, 1975), Cherche-terre (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1977), Mémoire d’abolie (Belfond 1978), Partition (Belfond, 1981), Votre visage jusqu’à l’os (Temps Actuels, 1983), Opportunité des oiseaux (Belfond, 1986), Opéra des limites (José Corti, 1988), Végétales (Les cahiers du Confluent, 1988), Sans lieu sinon l’attente (Obsidiane, 1991), Dans le feuilletage de la terre (Belfond, 1994), Énigmatiques (Obsidiane,1995 ), La vie, lieu-dit (Obsidiane/Noroît, 1997), La paix saignée, précédé de Contrées du corps natal (Obsidiane, 1999), Voilé/dévoilé (éditions Trait d'Union, 2000), Rituel d’emportement, Poèmes 1969-2001 (Le Temps qu’il fait/Obsidiane, 2002), Anamorphoses (Écrits des Forges, 2003), Avec la mort, quartier d’orange entre les dents (Obsidiane, 2005), Verticale du secret (Obsidiane, 2007), Terre Énergumène (Le Castor Astral, 2009), Explorer l’incertain (L’Amourier, 2010), Violente vie (Le Castor Astral, 2012), Tracé du vivant (Éditions Arfuyen, 2016), Figures de la terre (Éditions Phi, 2017), Terre énergumène / Dans le feuilletage de la terre / Verticale du secret (collection Poésie/Gallimard, 2019).

Romans, récits : L'Inquisiteur (Belfond, 1980), Les Tarots d'Ulysse (Belfond, 1984), Photos de famille (François Bourin, 1988), Elise en automne (François Bourin, 1991), La Saveur du sel (Bourin/Julliard, 1994), Une femme sans modèles (éditions de Fallois, 1999), Impostures (L'Amourier, 2007).

Essais : Paris des surréalistes (Seghers, 1973. Rééd. La Différence, 2004), Maupassant conteur fantastique (Minard, 1976. Rééd. 1993), Anatole France, un sceptique passionné (Calmann-Lévy, 1984), Images littéraires de Paris fin de siècle (La Différence, 1979), Poésie française 1945-1970 (sous la dir.), PUF 1995, Fin de siècle gourmande, 1880-1900 (PUF, 2001), Écrivains fin-de-siècle (Gallimard, 2010).

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AUTOPORTRAIT

L'autoportrait que je préférerais, ce serait un portrait à la manière d'Arcimboldo, où figureraient le chat, la pomme, le merle, un plan de Paris, des ruines romaines, quelques photographies aimées, un très grand châtaignier, un disque réunissant bien des musiques, une tomate, un livre fait de pages prises à plusieurs livres, ....des choses réputées humbles mêlées aux chefs-d'oeuvre , et tout cela formant une interrogation sur le destin, essayant de se faire une place dans le cosmos. J'essaie depuis longtemps de le faire, ce portrait, que j'écrive des poèmes, des romans, ou des études sur la littérature . Il est toujours en route. Je vois bien qu'il y faut en outre quelques touches d'état -civil. Née en 1932. Longue et dure maladie, séparations, et la guerre :mon enfance et ma première jeunesse ne m'ont pas aimée. Je le leur rends bien. Mais elles m'ont servi de révulsif. Études de lettres; Normale Supérieure; enseignement dans diverses universités. Je suis actuellement professeur émérite à la Sorbonne. Depuis un demi-siècle, la vie ne va pas sans mon mari Alain, compositeur de musique. Des livres et articles sur Paris et les écrivains, sur la période littéraire 1880-1914, sur la poésie contemporaine. Et les romans , les poèmes : voir liste jointe. Écrire, ce n'est pas seulement chercher un art de vivre, mais aussi se livrer à un long travail sur la langue ( justesse, brièveté, silences, intensité), qui à son tour retentit sur la vie. J'aime la poésie, parce qu'elle est spécialement cette " langue dans la langue", dont nous avons grand besoin contre la langue de bois. La mienne se fonde sur le corps, les choses, les espaces, les violences, les énigmes noires ou belles qui nous entourent.
Les Poèmes de l'absence y occupent une position quelque peu particulière, ayant un accent plus personnel que d'habitude. J'étais, l'an dernier au Québec (pour une édition à Montréal, puis participant au beau colloque poétique de Trois-Rivières), envahie par un fort sentiment de séparation qui a suscité par la suite ces textes d'aller et retour Québec-Paris.

Marie-Claire BANCQUART 

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ESSAYER DE PARLER

Essayer de parler, et si possible de faire sentir, selon ce décalage essentiel avec un usage paralysant de la langue et de l'existence, un poète ne peut rien d'autre. Mais son emportement est irremplaçable. Il (elle) crie le cri, pour susciter d'autres cris. Et aussi d'autres amours, d'autres joies devant les choses. Il change, non sans doute la vie, mais les rapports avec la vie. Adorno a dit qu'il était barbare d' écrire de la poésie après Auschwitz. De quoi parlait-il, alors qu'à Auschwitz même, certains ont écrit des poèmes (tel Primo Levi) , d'autres s'en sont récités pour se réconforter et pour rester dignes?
Bien au contraire: plus le monde se bétonne autour de nous, plus il est inutilement phraseur et utilement silencieux, plus il est urgent de parler autrement, de montrer autre chose! Un poète ne prêche aucun salut . Il essaie, non sans être en proie au doute, de le trouver. Il a l'espoir d'éclairer le réel. Il utilise des mots qui mourront eux aussi, avec notre histoire et notre espèce, mais qui par cela même ont un passé, une présence, un sens concret. Il dresse un registre de réclamation et un registre de célébration; il s'ébahit que nous ne puissions pas jeter les yeux à l'intérieur de notre corps, il se réjouit de partager son ADN avec les autres créatures, il vit l'amour et les amitiés.
Il s'indigne des misères et des crimes, sans pour autant être un "poète engagé". L'"engagement", dans le sens courant de cette expression, c'est le fait de se proclamer tout entier pour une cité différente, actuelle ou future. Franchement, pourrait-on en présenter une (pas utopique, mais réelle) qui vaille, qui ait valu cet engagement-là? De son point de vue, Platon parle très bien, quand il dit qu' il faut le jeter hors de la cité, le poète, toutefois après l'avoir couronnéIl trouvera toujours, partout, de quoi être contre, le poèteDe quoi être pour aussi,à l'occasion. Mais il n'empêche pas moins de danser en rond. Il est bon d'être "contre" quand cela s'impose, et de le dire. Même, le nombre et la nature des guerres qui se multiplient m'ont incitée à y penser davantage, à écrire récemment La paix saignée, moi qui ai connu enfant le soulagement, il est vrai déjà suspect , de la "paix signée": on en avait signé bien d'autres! Je crois aussi qu'il est de notre dignité de dénoncer l'absurdité générale de ce monde, où nous ne pouvons nous maintenir en vie qu'en tuant.

Marie-Claire BANCQUART 

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LE BRAILLE DU VIVANT

Inutile de hausser le ton, inutile d'aller chercher loin. "Main qui écrit/ Main qui pétrit". On trouve partout l'énigme de la merveille et de la douleur mêlées. Y compris dans l'amour, jubilatoire, mais angoissé par la perspective plausible de la mort de l'un des deux. Énigme, là encore.
Quant à l'exprimer , elle qui est si obscure , dans une langue qui l'obscurcisse encore, je ne crois pas que ce soit un bon projet. Du moins pour moi. Si le mot, si la tournure qui s'imposent sont rares, il s'écrivent rares; s'ils sont populaires, ils s'écrivent tels aussi. Des étymologies ou des hasards font surgir des sens. Travailler, il y a de quoi faire, pour la justesse, la brièveté, le filtrage des mots! Se méfier de l'image, si prompte à faire quitter le concret pour dégouliner vers le sentimental ou le faux. Mais le mot, s'il éclate, fait déjà une image. Si vous placez bien le citron, il fera saliver le lecteur (l'auditeur). Allitérations, hiatus, nuances, mise en évidence des différents plans, importance des silences- ceux des "blancs" du texte, mais aussi ceux qui sont négociés par les valeurs approchées que crée l'e muet. Tout cela pour essayer de dire le rapport avec une profondeur des choses , sans avoir l'illusion de pouvoir y atteindre tout à fait. Mais le mot est tout de même "le braille du vivant".

Marie-Claire BANCQUART 

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SUR MES POEMES

Mes poèmes sont très rarement autobiographiques, dans le sens de l'anecdote narcissique. Mais puis-je croire que la présence insistante en eux du corps, de la solitude et de la mort soit étrangère à mon expérience? J'étais enfant, et très gravement malade, pendant la seconde guerre mondiale. Entre sept et douze ans, ce fut donc doublement, sous sa forme la plus concrète, une connaissance de la mort: par le malheur des temps, et par la maladie, qui tuait beaucoup autour de moi , et qui faisait apparaître le corps comme un espace à la fois explorable avec passion et étranger à nos volontés . Pour la solitude, elle correspond à d'autres événements plus personnels, vécus vers la même époque . Présente dans mes poèmes, elle l'est aussi dans mes romans, qui mettent en scène une femme vieillissante, une enfant perdue, un homme échoué dans un village, Ulysse qui a choisi de s'appeler "Personne".
"Tout cela pour dire" que j'ai eu par la suite quelque difficulté à me faire aux paroles, aux idées et aux conduites qui ont cours dans la société. Autant avouer que beaucoup d'entre elles m'ont repoussée, déçue ou semblé inadéquates, renvoyant à des rapports trop abstraits avec les mots et avec les choses: à des formules. C'est peut-être pour cela que j'ai écrit de la poésie. Parce que ces idées , ces conduites,ces mots qui figent la pensée, on ne peut y répondre que par la poésie. Elle est tout le contraire: un emploi propre du mot propre, la mise en évidence d'une relation. La sang y redevient rouge, la mort injuste , l'argent souvent d'odeur mauvaise, -mais l'amour y est fou, la musique accord immédiat, les plus minces choses importantes, et l'inexploré y apparaît comme un domaine pénétrable, au risque de se tromper de voie.

Une évolution, c'est ce que disent les titres de mes recueils. Mémoire d'abolie, montre le paradoxe de fixer par l'écriture un sentiment de dépossession. Ensuite, Partition a le double sens de partition musicale, mais aussi de séparation. Dans le feuilletage de la terre, encore un double sens: on feuillette la terre comme un livre, mais elle est aussi comme un grand gâteau feuilleté dans lequel on vit. La vie, lieu-dit: c'est tout petit, un lieu-dit, cela n'a pas d'existence tout à fait officielle; mais enfin on y marche, on y habite; et bien entendu on le "dit". Cette évolution ne va certes pas vers une sérénité totale. D'abord elle n'a pas été rectiligne; il y a eu des reculs, dont témoigne Votre visage jusqu'à l'os, écrit dans une période sombre. Puis il ne s'agit pas du tout de se dissimuler les énigmes dont sont faites notre vie et notre mort, mais de vivre avec elles. Ce dont témoignent quelques titres parmi les plus récents: Énigmatiques, La paix saignée précédée de Contrées du corps natal, enfin Rituel d'emportement. On est emporté dans le flux du monde, on s'emporte aussi dans la joie ou dans la colère; mais le mot "rituel" introduit un rythme- peut-être un sacré rattaché non à une religion particulière, puisque je ne suis pas croyante, mais au grand cours de l'univers.

Marie-Claire BANCQUART 

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ECRIRE EN POESIE

Je suis quant à moi très attirée par les « choses de rien » couleur de légumes tombés sous les étals du marché; flaques-miroirs; odeurs d'un porte-monnaie ; détail de sculpture, très soigné malgré la grande improbabilité qu'on le regarde, tout en haut d'une colonne d'église; insectes fragiles et de structure complexe qui vous tombent sur un doigt, l'été. Tout cela vit fort, à la dérobée, et nous fait crier: « Terre! »

Mais ce n'est pas pour m'en tenir à ces choses que je suis en état d'étonnement devant elles. Pour moi, elles sont, à la fois, elles-mêmes et un rappel, d'autant plus notable qu'il est plus furtif, que nous appartenons à la totalité et à la vulnérabilité du monde. Elles font partie d'une formule de l'espace qui me séduit. Comme me séduisent certains paysages, essentiellement urbains. Ou encore des paysages avec ruines, telle la campagne romaine: avec celle-là intervient aussi une formule du temps, qui joue également dans l'évocation de légendes ou de mythes. On va de l'immédiat au passé, par courts-circuits, par sautes qui se déclenchent spontanément, comme, quelquefois, elles se déclenchent de la cerise à l'univers.

Ne croyant ni aux dieux ni à un dieu, je désigne par là un univers immanent, un ensemble de forces qui sont fragmentées dans les corps. A saisir sur-le-champ, ces fragments, dans un fragment de temps! Ils éblouissent alors; on ressent le besoin de les fixer. Mais, fragments, ils disent aussi un manque : ça vit, mais ça crispe et ça casse. On n'arrive pas à la saisir, la totalité. Dire que nous ne voyons même pas l'intérieur de notre corps ! Constamment transférée de la célébration à la réclamation », à la constatation d'une carence, c'est comme cela que j’ai du même coup été portée à écrire en poésie, selon un régime autre que l'écriture du (de la) critique littéraire que je suis d’autre part -aimant beaucoup essayer d'entrer dans les mentalités et techniques des autres - et encore autre que l’écriture de la romancière, qui invente des personnages et des situations.

Mon « écrire en poésie », c'est bien mon« être ». Mais il y a encore autre chose: cet« être» se dit avec et par un travail d’écrire. Un poète utilise une langue qui est à tout le monde. On ne l’invente pas, j'en suis persuadée. Je suis intéressée, mais pas conquise par les essais de transformations ou de biffures généralisées qui se sont manifestés depuis les guerres mondiales. Mais cette langue, un poète ne l'emploie pas à des fins de communication utilitaire, ou en essayant d'être compris tout de suite par tout le monde. C'est pour cela que le lecteur ou l’auditeur de poésie a souvent besoin d'une certaine préparation, dont on commence heureusement à sentir la nécessité. L’expression poétique est toujours en évolution, ce qu'il faut, bien sûr, comprendre et admettre; en outre, elle parle de ce dont on se tait souvent dans la société, le pas vendable : angoisse, mort, bonheur de riens ou (et) bonheurs extrêmes, élans. Ce qui constitue le fond dérangeant de la vie, quoi !

Les mots dans la poésie n'ont pas une signification univoque : comment serait-ce possible, puisqu'ils essaient d’exprimer une énigme, aussi bien de la joie que de l'inquiétant ? C'est bien certain, quand il s'agit d'un objet qui apparaît fantomal et fantomatique, miroir (carrelage); mais c'est vrai de tout ce qu'on regarde de près en se demandant ce que ça veut dire. Plus les choses sont simples, plus elles sont mystérieuses.

Pour moi, il en va de même, ou du moins on essaie qu’il en aille de même, dans le poème. Plus c'est simple, plus c’est travaillé de l'intérieur par des violences et des incertitudes. La difficulté ne vient pas d'une expression obscure qui épaissirait encore le mystère, mais d'un improbable, que la langue traverse d'une certaine lumière. Pour cela, elle se tait, aussi. Rôle du blanc: il est distance et silence, intervalle qui mime celui qui nous sépare du monde et de nous-mêmes, mais qui appelle aussi aux chaleurs et aux intimités, même précaires.Rôle des décalages: hoquets à l'intérieur du vers, ou surgissement subit d'un rythme traditionnel et apaisé. Jeu sur l’e muet, qui établit des à-peu-près dans le rythme. Tout cela en sachant bien que les mots ne sont qu'une approche, ne correspondent pas tout à fait aux choses, eux que j'ai appelés dans Énigmatiques « le braille du vivant »... Encore un intervalle, qu'on essaie de diminuer en écrivant au plus juste, mais sans se leurrer: on ne le supprimera pas.

N'empêche: ils sont une chance, les mots. Notre chance, notre privilège. On a tellement parlé du malheur du poète et de l'échec de la poésie, que je tiens à dire combien, malgré des difficultés en tout genre, la poésie me semble représenter un besoin vital, une énergie, un moyen d'« être (un peu) là » en approchant le monde.

Marie-Claire BANCQUART 



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules




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